Nordpresse, Facebook et les Fake News.

L’affaire Benalla est difficile à manquer dans les médias en ce moment mais ce n’est pas celle-ci qui me trouble cette semaine. C’est plutôt l’histoire, probablement moins alarmante pour certains, de Nordpresse et de ses déboires sur Facebook que j’ai suivi avec attention.

Rappel des faits : Nordpresse est un site « parodique » ou « de fake news » comme on les appelle mais en gros, leur fond de commerce est le même que legorafi : inventer des articles pour tourner une situation en ridicule. Le site Nordpresse possède ainsi cette inscription en bas de page : « Certaines informations présentes sur ce site sont satiriques et/ou parodiques, veillez à conserver un esprit critique, merci. »

On ne va pas se mentir, l’objectif de chaque article est le même que pour les véritables news, être partagé et consulté au maximum pour générer des revenus publicitaires.

Bonne méthode ou escrocs de l’information, je vous laisse en juger par vous même, toujours est-il que durant une période que je ne connais pas exactement le site ne pouvait pas être partagé sur le réseau social Facebook. Nous ne connaissons pas à l’heure actuelle la véritable raison pour laquelle il était impossible de partager les liens de Nordpresse sur Facebook, Facebook parlant de bug, et Nordpresse de censure.

En réalité qu’il s’agisse de censure ou de bug, on s’en fiche un peu, ce qui m’intéresse ici c’est le contexte dans lequel s’inscrit cette histoire.

Pour ceux qui ne le savent pas, une loi anti fake news a été retoquée par la commission des lois du sénat qui était censée permettre à un parti ou a un candidat de saisir un juge en cas de diffusion de fake news dans les 3 mois précédent un scrutin. Loi qui avait été adoptée par l’assemblée nationale.

La vraie question que pose cette histoire est : que doit-on faire face aux fake news? Les interdire? Ne rien faire?

Des internautes pensent qu’adopter une loi interdisant totalement les fake news permettrait d’éviter les fausses informations et les théories complotistes, d’autres pensent que c’est la fin de la liberté d’expression. Je pense qu’il n’y a pas de bonne réponse à apporter à ce problème, surtout sur le web. Il faut arrêter de croire qu’en interdisant les sites de fake news, ces derniers n’existeront plus. Ils deviendront marginaux, ce qui donnerait encore plus de poids aux théories complotistes dont l’argument principal est de dire « Vous voyez, on veut nous museler, c’est bien qu’il y a une raison! ». Et je ne parle pas du darknet qui hébergera les plus sombres de ces sites (c’est déjà le cas).

De plus, même si certains sites web naviguent en zone rouge, beaucoup d’autres sont vraiment amusants et devraient pouvoir continuer leur travail.

Il faut arrêter de vouloir sans cesse prendre l’individu par la main et lui dire : « ça BIEEEN », « ça PAS BIEEEEN ». Ce serait maintenir les gens dans une sorte d’obscurantisme. Parce qu’interdire les sites qui ne sont pas « certifiés » par les officiels, c’est un peu comme donner les clés des médias aux différents gouvernements pour se faire adouber et risquer la taule si on sort des clous. Ce serait brider les médias car un loupé sur une information pourrait s’apparenter à une fake news et engendrer un risque de procès systèmatique.

Une solution bien plus efficace à mon sens serait de faire la promotion de sites tels que hoaxbuster.com qui permettent de savoir si une news est un fake ou non. D’apprendre aux gens à checker leurs sources et de ne pas partager bêtement des articles dont ils n’ont lu que le titre racoleur et parfois truffé de fautes d’orthographe. Apprendre aux gens à adopter un esprit critique serait probablement le meilleur investissement sans avoir à adopter de loi liberticide. Le premier maillon de la chaîne c’est quand même vous qui êtes en train de lire cet article…

Alors s’il vous plaît faîtes un effort, lisez les articles qui vous interpellent et pas juste le titre, vérifiez quel site propose l’article en question et si l’histoire tiens debout, creusez un peu vos neurones.

Ce n’est pas grand chose, mais ça évitera de voir ce genre de trucs :

Les noms ont été effacés mais il s’agit de véritables commentaires sur Facebook…

Des commentaires qui se passent de commentaires….

Tout cet article pour en venir à une conclusion, si les gens ne sont plus critiques vis-à-vis des informations trouvées sur le net, que des lois viennent à encadrer ce que l’on peut dire, quand et sur qui, c’est la liberté d’expression elle-même qui est sur la sellette.

Aujourd’hui c’est sur le web, mais demain, ce sera peut-être dans la rue, chez vos voisins, au bistrot du coin qu’on pourrait peut-être vous faire un procès…

 

Sources :
Nordpresse.be
Zataz, Loi Fake News
Hoaxbuster.com